Pâques au tison, bobards à Pimpreton : carrot cake des grands-jours
Happy easter ! Pour la France les réjouissances caloriques n'ont fait que commencer hier et on se gratifie de sympathiques restes aujourd'hui pour s'assurer un retour enkilosé au turbin mardi, ici ça y est c'est plié. Le vendredi saint est férié mais le lundi non, au taff ! On essaie donc d'y aller mollo sur le chocolat pour pas devoir quitter précipitemment le premier meeting de la matinée pour dégobiller ses tripes chocolatées et/ou avinées. Donc à la maison hier, pas de chocolat. Enfin dans le dessert. Dessert qui aurait d'ailleurs pû être une bûche vu le temps anti-pascal que nous avons. Moi je me souviens des cuillettes d'oeufs chez papi et mamie, entre les crocus et même parfois les jonquilles. Mais Trifouillis sur Loire c'est pas Toronto. Et à Toronto today c'était neige et -10°, alors les jonquilles c'est dans tes rêves et les oeufs c'est dans le salon. Ouais, on a préféré éviter de sortir les 2 rejetons au saut du lit pour aller chercher des oeufs congelés en les délogeant au piolet des plates-bandes du jardin.
Du coup, hier matin le Pimpreton était assez décontenancé par la chasse aux oeufs en intérieur. Déjà depuis 1 semaine que ses copains canadiens ne parlent que du lapin de Pâques qui pond des oeufs au chocolat dans la pelouse, mon petit lardon traversait un genre de crise de foi (la foi hein, pas le foie, ça on a tout fait pour éviter). Ben il y a de quoi en même temps, quand toutes les certitudes acquises en presque 5 ans s'écroulent en une semaine, pas étonnant de traverser une crise mystique. Les 3 points de discorde, sur lesquels nous avons dû apporter des réponses vaguement peu convaincantes mais que seul un concile au Vatican (ou à Mac Do) présidé par mon Pimpreton devra trancher dès que possible, sont:
2. Comment c'est possible qu'un lapin de Pâques il ponde des oeufs alors que normalement c'est les poules ? Oui là c'est la question qui tue. Surtout qu'on était plus ou moins en train de mettre en place 2-3 jalons concernant la différence entre vivipares, ovipares et ovovipares (bon sans les termes savants évidemment hein, on parle à Pimpreton pas à Darwin) et que du coup ça nous casse notre baraque. En même temps on peut pas juste lui dire que c'est des conneries, parce que bon socialement ça le fait pas de dire aux copains qu'ils sont tous des glands de croire au lapin de Pâques alors que tous le monde sait que les léporidés sont des mammifères et donc des vivipares. Si on veut qu'il se fasse racketer ses pièces en chocolat c'est pile ce qu'il faut répondre. Alors du coup on est allé encore plus loin dans l'humiliante besogne à laquelle nous conduit parfois la parentalité... tenez-vous bien... “Oui mais il y aussi des animaux magiques tu sais. Pégase, les licornes, les sirènes (techniquement c'est des animaux à 50%, allez nous-cherchez pas de poux)... et le lapin de Pâques ils ne sont pas comme les autres animaux, ils ont des pouvoirs magiques et donc si c'est possible qu'un lapin ponde des oeufs s'il est magique”. Réponse de Pimpreton : “oui, ou s'il a des super-pouvoirs, comme Spiderman”. Et là on sent que tout prend sens pour lui, quand nous nous sommes à 2 doigts de nous plonger dans la Critique de la raison pure juste pour voir si la vérité elle serait pas un peu ailleurs desfois...
3. Mais comment il a fait le livreur de chocolat pour entrer dans la maison, normalement il y a que le père Noël qui peut. Impossible de confesser que c'est le même “livreur”qui apporte les chocos, les cadeaux au pied du sapin et la pièce sous l'oreiller... on peut pas céder à la facilité. Non puisqu'on est dans le bobard jusqu'au cou autant continuer à patauger dedans, alors... ben facile : on explique que le père Noël c'est un peu le chef de ceux qui ont les pouvoirs magiques et que quand il a vu qu'il faisait si froid à Toronto dimanche matin, il a appelé le livreur-lapin-cloche (“sur son portable ?” demande Pimpreton... ben c'est bien connu hein pour qu'un mensonge soit crédible il faut le plus de détails possibles donc “oui, sur son portable”) et il lui a dit “dis-donc André (appelons-le André vous voulez bien) Pimpreton et Pimprenille vont attraper un rhume s'ils doivent sortir chercher les oeufs dans le jardin ce matin, passe prendre les clés de leur maison chez moi avant de partir pour ta tournée comme ça tu mettras les chocolats dans le salon, ce sera plus pratique. Mais n'oublies pas de me rapporter après hein, j'en aurais besoin pour le 24 décembre au soir” (là, pour comprendre, il faut avoir entendu le bobard de la veille de Noël dernier expliquant comment le vieux barbu pouvait quand même venir déposer les cadeaux sans qu'on ait besoin de faire construire une cheminée dans les 48h). Apparemment c'est passé...
Bon et puis après toutes ces salades et ce flan, il fallait bien un truc un peu plus consistant. Cette année point de sugar cookies ni de gâteau au chocolat mais un kitchissime gâteau de Pâques en clin d'oeil au lapin ovipare qui est venu s'oublier dans notre salon ce matin. La déco est faite pour épater des enfants de 5 ans et 15 mois (mission accomplie), pas pour rivaliser avec Pierre Hermé. Donc on est gentil on ne fait aucun commentaire sur les grumeaux de cream cheese (pas sorti assez à l'avance et donc pas assez ramolli) et on s'extasie sur les carottes en pâte d'amande blanche colorée par mes petites mains désormais maronnasses (vert + orange = maronnasse) et feignant de sortir d'une fausse-terre (par -10°, tu penses) en croûte d'Oréo moulue.
Remarque à l'attention des non-initiés - Si vous êtes arrivé sur cette page en vous disant “chouette un gâteau aux légumes, ça va être léger et bon pour la santé”, 2 solutions s'offrent à vous : soit vous virez votre cutie et décidez de ne pas paniquer rien qu'à la lecture des indécentes quantités de gras (huile + cream cheese + beurre) et de sucre, soit vous aller plutôt jeter un oeil ici ou là avant de vraiment vous évanouir.
Carrot cake à étages
Pour 8 à 12 personnes
400 g de farine
1 grosse cuillère à café de levure chimique
1 cuillère à café de bicarbonate
1 grosse cuillère à café de canelle
½ cuillère à café de muscade
1 pointe de couteau de clou de girofle moulu
½ cuillère à café de sel
4 oeufs
250 g de sucre en poudre
100 g de vergeoise
300 ml d'huile
500 g de carottes, finement rapées
150 de noix de pécan (ou noix de Grenoble), toastées et concassées
100 g de raisins secs
250 g de cream cheese Philadelphia (ou de kiri,ou de St Morêt si vous n'en trouvez pas), ramolli
60 g de beurre, ramolli
1 cuillère à soupe de crème fraîche
1 cuillère à café d'extrait de vanille
150 g de sucre glace
Préchauffer le four à 180°C / 350°F.
Huiler 2 moules à manquer ou à charnières (les miens font 20 cm de diamètre), et coller un disque de papier sulfurisé au fond.
Dans un saladier mélanger la farine, la levure, le bicarbonate, les épices et le sel. Dans un autre, fouetter les oeufs avec le sucre et la vergeoise jusqu'à obtenir un mélange bien mousseux. En continuant à mélanger, ajouter progressivement l'huile jusqu'à ce que la pâte paraisse presque émulsionnée. Ajouter la farine en l'incorporant bien, puis les carottes, les noix et les raisins.
Diviser la pâte en 2 parts égales et la répartir dans les 2 moules en lissant bien le dessus. Enfourner pour environ 40 minutes, en tournant les moules à 180° à mi-cuisson. Vérifier la cuisson avec une pointe de couteau, elle doit ressortir presque sèche avec juste quelques miettes collées dessus.
Laisser refroidir les gâteaux dans leurs moules au moins 2 heures, puis les démouler en passant une lame de couteau autour. S'ils ont trop gonflé et que dessus n'est pas plat, les couper horizontalement pour obtenir 2 cercles de même épaisseur.
Préparer le glaçage en fouettant au batteur le fromage, le beurre, la crème fraîche et la vanille. Quand tout est bien mélangé et que le mélange est souple, ajouter le sucre glace et continuer de fouetter jusqu'à ce que le sucre soit parfaitement incorporé (râcler les bords du saladier au besoin).
Sur le plat de service, disposer un premier cercle de gâteau (fond du gâteau vers le bas), y tartiner une couche de glaçage puis déposer le deuxième cercle (fond du gâteau vers le haut). Recouvrir tout le gâteau d'une fine couche de glaçage, décorer de cerneaux de noix de pécan et de ridicules carottes en pâte d'amande. Placer au frigo au moins 2 heures. Sortir le gâteau ½ heure avant de le déguster (sieste conseillée après).